Novak Djokovic : «C’était un grand soulagement de pouvoir relâcher mes émotions»

Novak Djokovic : «C’était un grand soulagement de pouvoir relâcher mes émotions»

29 janvier 2023 Non Par SoTennis

Novak Djokovic remporte pour la dixième fois de sa carrière l’Open d’Australie et s’adjuge son 22e titre du Grand Chelem et redeviendra dès lundi prochain n°1 mondial. Dimanche, en finale, le Serbe a dominé en trois sets (6-3, 7-6, 7-6) Stefanos Tsitsipas.

Vous avez déclaré lors de votre discours, sur le court, que les quatre, cinq dernières semaines ont été très difficiles pour vous…

Oui, elles l’ont été, mais je me sens juste fier et heureux pour le moment. Quand je me suis dirigé vers mon box, je me suis effondré émotionnellement. J’ai fondu en larmes, avec ma mère et mon frère qui étaient présents. Je ne m’étais pas autorisé à me laisser distraire par autre chose que ce qui se passait sur le court jusqu’à présent, pas même par ma blessure, je suis simplement resté concentré sur mon jeu et ça m’a demandé une grande énergie mentale. Si je retourne deux semaines et demie en arrière, je ne pensais pas avoir de chance de gagner ce tournoi de cette manière, en étant blessé (ndlr: à la cuisse gauche). Je ne pensais qu’à m’en sortir à chaque match et à essayer de jouer le prochain tour. Ce qui est bien avec les Grands Chelems c’est qu’il y a un jour de repos entre les matches, donc ça m’a laissé plus de temps que d’habitude pour récupérer et faire tous les soins nécessaires pour retrouver une forme convenable, être capable de jouer et de gagner. À partir des huitièmes de finale, j’ai senti que ma jambe allait mieux, mes mouvements n’étaient plus aussi douloureux. J’ai joué un de mes meilleurs tennis à cet Open d’Australie. Les huitièmes, quarts, demies, je me suis vraiment senti bien sur le court. Je savais que contre Stefanos ce serait un match différent, je l’ai vu jouer, je l’ai vu dominer ses rencontres, je savais que ce serait un gros match et que je devais rester fort. C’est ce que j’ai fait. J’ai très bien commencé le match. C’était rapide pour un premier set, environ 30 ou 35 minutes. Ensuite, il a été meilleur sur le deuxième set, il a eu des opportunités, il ne les a pas converties. Il a eu une balle de set et je suis parvenu à rester dans mon match et à ne rien lâcher pendant les deux tie-breaks. C’était un grand soulagement de pouvoir relâcher mes émotions à la fin. Je n’ai rien d’autre à ajouter, c’était un long chemin, mais un chemin très spécial pour moi.

Vous avez évoqué démotions… À quel point ce qu’il s’est passé l’an dernier à eu un impact cette année ?

J’avais vraiment hâte de revenir en Australie parce que je me sens vraiment bien ici. Mes résultats en sont la preuve. Je voulais vraiment revenir et jouer ici. J’ai une belle histoire avec l’Open d’Australie et j’ai terminé la saison dernière de la meilleure des manières (ndlr: en remportant pour la sixième fois de sa carrière Masters). J’ai vraiment bien joué, j’ai fait une bonne préparation. Avec les événements de l’année dernière, j’étais un peu nerveux à l’idée de revenir ici, je ne savais pas comment les gens sur place réagiraient à mon retour, mais finalement ça n’a été qu’une expérience positive. Je n’aurais pas été capable de faire ce que j’ai fait à Adélaïde (ndlr: vainqueur du tournoi) et ici si je ne m’étais pas senti bien sur et hors du court. Il y a aussi eu d’autres événements ces derniers jours, comme ce qu’il s’est passé au sujet de mon père, ça n’était pas évident pour moi de gérer ça, surtout à ce niveau d’un tournoi du Grand Chelem. Mais je m’en suis sorti, c’est pour cela que j’ai parlé d’énergie mentale.

On pense maintenant au duel avec Rafael Nadal puisque vous avez tous les deux 22 titres du Grand Chelem. Est-ce que vous avez toujours cette motivation de marquer l’histoire ?

Bien sûr, je suis toujours aussi motivé par le fait de gagner le plus de Grands Chelems possibles ! À ce moment de ma carrière, ces trophées sont la plus grande motivation que je puisse avoir, sans aucun doute. Je n’ai jamais vraiment aimé me comparer aux autres, mais c’est un privilège de faire partie des noms cités lorsque l’on parle des plus grands joueurs de tous les temps. Si les gens me voient ainsi, c’est très flatteur parce que je sais que ça voudra dire que j’ai mis l’effort et l’énergie nécessaires pour gagner plus de Grands Chelems que les autres. J’ai encore plein de raisons d’être motivé, on verra jusqu’où ça m’emmène. Je n’ai pas envie de m’arrêter ici, je n’en ai pas l’intention. Je me sens bien et je sais que quand je me sens bien mentalement et physiquement j’ai une chance de gagner un titre contre n’importe qui. Mais bien sûr, rien n’est jamais donné ou acquis et il y a d’autres joueurs qui veulent atteindre la place de numéro 1 mondial. J’ai été tellement de fois dans ces situations que j’ai l’expérience nécessaire pour gérer ça maintenant et je pense que c’est ce qui m’aide à toujours rester concentré, parce que je sais ce qui m’attend. Je ne sais pas encore combien d’années je vais pouvoir jouer, ou combien de Grands Chelems je vais essayer de remporter. Ça va dépendre de plusieurs choses. Ça ne dépend pas seulement de mon corps. Je pense que c’est très important pour moi d’avoir le soutien de ceux que j’aime, de mes proches et de réussir à conserver le bon équilibre entre ma vie privée et les aspirations qui me donnent envie de continuer à aller chercher des titres.

Propos recueillis par E-A à Melbourne