Novak Djokovic: «Je ne pouvais pas demander mieux»

Novak Djokovic: «Je ne pouvais pas demander mieux»

20 novembre 2023 Non Par SoTennis

Impérial, Novak Djokovic a remporté pour la septième fois de sa carrière le Masters. Dimanche, à Turin, le n°1 mondial a dominé en finale l’Italien Jannik Sinner (6-3, 6-3). Le Serbe conclue par la plus belle des manières une saison 2023 de tous les records.

L’un de vos entraîneurs, Goran Ivanisevic, a dit que dès samedi, il savait que vous gagneriez le tournoi parce que vous vous étiez mis en marche. Avez-vous eu ce même sentiment ?

Oui. Je pense que le match contre Alcaraz hier soir (samedi, 6-3, 6-2, en demies) et celui de ce soir(dimanche, 6-3, 6-3, en finale face à Jannik Sinner) sont probablement les deux meilleurs dans ces circonstances que j’ai jouées cette saison, contre deux joueurs qui sont dans une forme fantastique. Nous connaissons tous la qualité d’Alcaraz et de Sinner. Jouer Sinner ce soir devant son public, et la façon dont j’ai terminé le tournoi et la saison, c’est une grande satisfaction. Je suis très, très fier de cette performance. Évidemment, ce à quoi Goran faisait référence, c’est probablement après la première victoire contre Rune (7-6 [4], 6-7 [1], 6-3, dans son premier match de la phase de groupes), je n’étais pas mentalement présent. Après ça, j’étais à moitié dedans, à moitié dehors. Cela s’est reflété sur mon niveau de jeu, mes performances et la façon dont je me sentais sur le court. Je remercie évidemment Sinner de m’avoir permis d’être en demi-finales (ndlr: grâce à sa victoire contre Holger Rune). Quand j’ai su que j’y étais, je me suis dit que j’allais essayer de passer à la vitesse supérieure. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai joué deux matches de très haut niveau. J’ai commencé de manière très agressive ce soir contre Jannik, très différemment du match de la phase de groupes que nous avons eu l’un contre l’autre (victoire de Sinner 7-5, 6-7 [5], 7-6 [2], jeudi). Je pense que ce match m’a permis de mieux me préparer à l’atmosphère, à la foule. Évidemment, j’ai analysé le match et j’ai regardé ce que j’aurais pu faire mieux. Et je l’ai très bien fait pendant tout le match.

Pouvez-vous mettre des mots sur vos émotions ressenties au moment du dernier point ?

Gagner un match de cette importance et de cette signification procure toujours un sentiment incroyable à la fin et aussi un énorme soulagement parce qu’il y a une très grande tension et une très grande pression sur le court. J’ai joué un tennis impeccable, dans le premier set et jusqu’à 3-2. Et puis je me suis crispé. J’ai commencé à rater mon premier service. La foule s’en est mêlée. J’ai eu de la chance qu’il manque un coup droit facile à 4-3 et dans la deuxième manche. Je suis resté concentré. J’ai senti dès le début qu’il y avait une différence d’ambiance, d’énergie entre lui et moi par rapport au match d’il y a quatre ou cinq jours (jeudi). J’ai senti qu’il n’était peut-être pas aussi libre ou à l’aise dès le début que lors des quatre matches précédant la finale. C’était l’occasion ou jamais, je devais la saisir. Je devais contrôler les échanges et être celui qui va mener sur le court, il doit sentir ma présence, ce que je n’avais pas réussi à faire dans le match de la phase de groupes. Je pense que c’est probablement la principale différence tactique entre les deux matches. C’est une belle récompense pour mon équipe, ma famille et moi-même. Nous avons vécu cette année l’une des saisons les plus réussies de ma carrière. J’ai gagné quatre des cinq tournois majeurs (Open d’Australie, Roland-Garros, US Open, Masters), j’ai joué la finale de Wimbledon (ndlr: perdue contre Carlos Alcaraz, 6-1, 6-7 [6], 1-6, 6-3, 4-6). Je ne pouvais pas demander mieux, pour être honnête. Je suis très, très fier de cette saison.

Pour la prochaine saison prochaine, comment restez-vous motivé ? Comment est-il possible de faire mieux ?

Vous pouvez gagner quatre tournois du Grand Chelem et l’or olympique (sourire). J’ai toujours eu les plus grandes ambitions et les plus grands objectifs. Ce ne sera pas différent l’année prochaine. Ce sont des tournois du Grand Chelem et des finales du World Tour, et l’année prochaine, je l’espère, des Jeux Olympiques. La motivation est toujours là. Mon corps m’a bien suivi, il m’a bien écouté. J’ai une excellente équipe. Elle m’incite toujours à continuer. L’état d’esprit est le même. Je vais continuer. Je ne sais pas si je ferai une aussi bonne saison l’année prochaine, mais je vais garder cette fraîcheur d’esprit et cette motivation.

Les Jeux Olympiques sont-ils votre principal objectif, c’est le seul titre, à ce jour, que vous n’avez pas remporté ?

C’est sans aucun doute l’un des principaux objectifs pour l’année prochaine, en dehors des tournois du Grand Chelem. Le calendrier sera très chargé, car on passera de la surface la plus lente à la surface la plus rapide du sport, puis à la surface la plus lente. Terre battue, gazon, terre battue, puis terrain dur. C’est une période très exigeante de l’année. Je vais devoir discuter avec mon équipe pour voir comment nous pouvons planifier notre préparation, notre entraînement, afin que je puisse jouer mon meilleur tennis là où je le souhaite.

Quel Novak Djokovic est le plus fort ? Celui d’il y a dix ans ou celui d’aujourd’hui ?

Il y a dix ans, c’était en 2013, donc je dirais le Novak d’aujourd’hui. 2015 a été l’une des meilleures années, probablement la meilleure année que j’ai eue avec dix-neuf finales d’affilée sur tous les tournois, trois des quatre tournois du Grand Chelem (à l’exception de Roland-Garros). J’ai eu dix-huit mois extraordinaires en 2015 et la moitié de 2016. Encore une fois, les moments sont différents pour moi. Je n’essaie pas de jouer autant qu’il y a dix ans. Je dois choisir les bons tournois et les bonnes périodes de l’année où je peux donner le meilleur de moi-même.

Quelles sont les choses que vous avez apprises sur vous-même cette année, à la fois en tant que joueur et en tant que personne ?

Je n’étais vraiment pas satisfait de ma saison sur terre battue jusqu’à Roland-Garros, je doutais beaucoup de mon jeu. Avoir remporté le 23e Grand Chelem à Paris a été l’un des principaux tournants de la saison. Cela m’a donné des ailes pour le reste de l’année. Pendant la saison sur terre battue, je passe toujours par des montagnes russes mentalement. C’est normalement le moment où j’apprends beaucoup sur moi-même et sur la façon de rester dans le moment présent, de ne pas projeter trop de négativité. L’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle est la clé. Après avoir accompli tant de choses et en étant aussi âgé que je le suis (ndlr: 36 ans), il y a toujours un point d’interrogation : devrais-je continuer une année de plus comme ça, ou bien arrêter ? Je suis très reconnaissant et béni d’avoir toujours le soutien de mes proches pour continuer. Il est évident que la famille est la priorité dans la vie. Mais c’est toujours une énorme motivation d’un point de vue personnel de continuer et d’écrire l’histoire de ce sport. J’aime la compétition, j’aime gagner des tournois et être le meilleur au monde. Il s’agit de jongler entre les deux, de maintenir l’équilibre qui me permettra d’être heureux et épanoui sur le plan professionnel et privé.

Propos recueillis par E-A