
Richard Gasquet : «Je suis très serein avec la décision d’arrêter»
29 mai 2025Richard Gasquet s’est incliné au deuxième tour du tournoi de Roland-Garros. Jeudi, sur le court Philippe-Chatrier le Français a disputé son dernier match officiel face à l’Italien Jannik Sinner. Le n°1 mondial s’est imposé en trois sets (6-3, 6-0, 6-4). Place à une nouvelle vie pour « Richie ».
Lors de votre discours, sur le court, vous avez dit que ce n’est pas un adieu, mais plutôt un au revoir. Pouvez-vous nous parler de vos plans pour l’avenir ?
Aujourd’hui, j’arrête ma carrière, c’est la vie, comme tous les professionnels de tennis, mais je vais jouer pour m’amuser. Lorsque j’étais enfant je l’ai fait, et maintenant je vais continuer, parce que j’aime le tennis et parce que je suis passionné de tennis. Même si je ne suis pas professionnel, il y a toujours une vie pour moi qui continue, même si je m’arrête. Je ne sais pas ce que je vais faire à l’avenir, mais rien que jouer au tennis avec les amis, ça me suffit et je suis très chanceux de disposer d’une bonne santé maintenant. Je vais bientôt avoir 39 ans. J’adore le tennis et, bien entendu, je vais jouer à l’avenir.
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— So Tennis (@sotennis1) May 29, 2025
Réalisez-vous que c’est fini ?
Ça fait un peu bizarre quand même. Je ne vais pas te dire le contraire. Ça fait un peu bizarre de finir là. Est-ce que je réalise ? Pas totalement. Je suis quand même heureux de finir ici à quasiment 39 ans. C’est une fin que j’aurais rêvé, parce que ce n’est pas facile de finir sur un dernier tournoi, on ne sait jamais ce qui peut se passer. J’ai eu le mollet, ça n’a pas été facile tous les jours. Finir aujourd’hui sur le Chatrier, contre le n° 1 mondial, c’est une belle fin pour moi. Je suis heureux de ce que j’ai pu faire sur ce tournoi. Forcément, ça fait un peu bizarre parce que j’ai un été par exemple où je n’ai pas d’entraînement, demain il n’y aura pas de récupération, pas d’autres tournois, pas de gazon. C’est ce qui est vraiment étonnant, je n’ai plus ce truc en tête de se dire : il faut récupérer, il faut jouer. C’est le plus bizarre pour moi. Après, je suis très serein avec la décision d’arrêter et j’ai la chance de pouvoir le faire aujourd’hui sur ce court, sur le numéro 1 mondial. C’est plein, il faisait beaucoup. J’ai quand même eu beaucoup de chance de pouvoir le réaliser.
Vous finissez votre carrière à pratiquement 39 ans, en bonne santé. Est-ce que vous ne vouliez pas trop tirer sur la machine ?
Je suis content de finir ma carrière et de ne pas être massacré. Je suis fatigué le matin, il y a beaucoup de douleurs, pas mal de fatigue à gérer, mais je sais que derrière j’ai une vie correcte. Je vais pouvoir faire d’autre chose où je ne suis pas massacré de partout. Il y a des joueurs qui sont fatigués. La carrière de haut niveau, c’est difficile. J’ai joué beaucoup d’années. Je suis content de pouvoir finir en ayant gagné quelques matchs quand même, en étant au deuxième tour ici. C’était important pour moi de ne pas être ridicule sur la fin, d’avoir des wild-cards. A Monaco, j’ai réussi a gagner un match, ici aussi. Ça s’est très bien déroulé pour moi la fin de ma carrière ; ça s’est très bien passé. Je suis content d’avoir pu jouer tous ces tournois. Il faut savoir s’arrêter ; c’est le moment. Je suis descendu au classement. J’ai eu pas mal de blessures cette saison. Tu ne sais jamais quand il faut s’arrêter, ce n’est jamais facile. En tout cas, pouvoir s’arrêter aujourd’hui, sur ce court‑là, plein, avec un temps ensoleillé, et Sinner en face, c’était top.
Qu’est‑ce qui vous rend le plus fier dans votre carrière ? Et cette Coupe Davis, quelle place elle a parmi vos trophées ?
La Coupe Davis, c’était fabuleux, c’était une pression qui était toute autre. On a connu Roland‑Garros, on a connu Lille, où il y avait quasiment 28 000 personnes. C’était des moments qui étaient, émotionnellement, au‑dessus de tout ce que j’ai pu jouer, même des demies de Grand Chelem. Je n’ai jamais ressenti un stress comme ça, comme à Lille, en 2014 ou 2017, c’était décuplé par rapport aux autres tournois. Après, qu’est‑ce que je retiendrai de ma carrière ? J’ai eu de la chance d’avoir pu jouer, d’avoir eu le public, d’avoir voyagé à travers le monde, d’avoir fait des matchs de tennis. J’ai toujours voulu faire cela, quand j’étais jeune. Donc émotionnellement, là j’arrête aujourd’hui, je sais que j’ai des souvenirs incroyables, pour la suite de ma vie. Et c’est bien cela le principal.
Après, forcément, tu as des matchs que tu aurais aimé rejouer, gagner. J’en ai perdu quelques‑uns que j’aimerais rejouer, forcément. En tout cas, j’ai de la chance d’avoir pu vivre une carrière comme cela, et d’avoir pu me réaliser, en tant que joueur de tennis.
Est‑ce que vous savez, ce soir, demain, ce que vous allez faire, et même d’ici la fin de Roland-Garros, vous allez profiter du tournoi, avec un regard extérieur ?
Il y a mon entraîneur à côté, tu vois. On va aller faire un foot. Très vite, c’est le principal, c’est le foot… Je ne sais pas quand on va le faire… Oui, le paddle, mais, surtout un foot. Cela fait une dizaine d’années que je n’ai pas touché un ballon, parce que je sais que je vais me blesser. Sincèrement, ce soir, je suis heureux, de pouvoir me dire que je vais enfin pouvoir rejouer au foot, aller faire un golf, peut‑être un paddle, un peu. C’est la beauté de s’arrêter. J’ai tout donné au tennis ces dernières années, pour ne pas avoir des blessures bêtes à côté. Là, se dire que l’on va organiser ça… Je sais que Jo va venir, quelques autres mecs. On va organiser d’autres sports, et ça, ça fait plaisir.
C’est assez clair que vous allez rester dans le monde du tennis à moyen terme . Néanmoins, avez-vous besoin de prendre un moment pour un peu marquer la rupture ?
Oui, forcément, j’ai besoin de faire autre chose, de voir peut‑être autre chose. En tout cas, je te dis, je suis serein, déjà, par l’arrêt, par ce que j’ai pu faire, de finir ici. Sincèrement, je ne pense pas qu’il y ait de manque particulier. Sur l’arrêt, oui, ça me manquera de ne pas jouer devant 15 000 personnes. Forcément, c’est sûr que c’est des moments qui sont incroyables.
Après, je suis serein sur l’arrêt, et sur la suite de ce que je vais pouvoir faire. On verra bien ce qui va se passer dans les mois qui viennent. En tout cas, sur l’arrêt de ma carrière, je suis content de pouvoir arrêter aussi, de faire d’autres choses.
Propos recueillis par E-A à Roland-Garros