Borna Coric : «Des sensations que je n’ai jamais eues auparavant»

Borna Coric : «Des sensations que je n’ai jamais eues auparavant»

22 novembre 2018 Non Par SoTennis

Cette année, Borna Coric a passé un cap. À 22 ans, le Croate a réalisé, jusqu’à présent, comme il aime le dire, « sa meilleure saison ». Vainqueur à Halle, en battant en finale Roger Federer, finaliste au Masters 1000 de Shanghai, sa première dans cette catégorie de tournoi, l’actuel douzième mondial, qui disputera la finale de la Coupe Davis face à la France, a tout changé, pour cesser de stagner.

Comment décrieriez-vous votre saison 2018?

C’est, jusqu’à présent, la meilleure saison de toute ma carrière. J’ai disputé des matches solides. J’ai eu de bons résultats (ndlr : en 2018, il s’est imposé cinq fois face à des membres du Top 10). Mon niveau de jeu a été solide tout au long de l’année. C’est sans doute la chose la plus importante, avec le fait que j’ai joué une saison pleine. Cette fin de saison a été particulièrement belle. C’est certain, c’est la meilleure saison de ma, jeune, carrière.

Depuis fin 2017, Riccardo Piatti est votre entraîneur. Lui qui a entraîné, notamment, Milos Raonic ou encore Richard Gasquet. Quelle relation entretenez-vous avec lui?

Riccardo est mon entraîneur principal et je suis très près de lui. Par le passé, avec mes précédents entraîneurs, ce n’était pas totalement le cas. Il est expérimenté et il m’apporte beaucoup sur tous les aspects du jeu. En décembre dernier, nous nous sommes penchés sur ce que je devais améliorer dans mon jeu, comme mon jeu d’attaque, mes retours, mais aussi sur ce que je pouvais encore mieux faire. En réalité, l’entraînement n’est jamais terminé. Dans le sens où, au cours d’une saison, tout ce travail est à faire toutes les semaines. Je reste jeune et il me reste encore beaucoup de travail. J’ai de bonnes discussions avec Riccardo. J’ai progressé avec lui. Je suis heureux de l’avoir comme entraîneur.

En fin d’année dernière, vous avez changé toute votre équipe. Pourquoi avoir opéré un tel changement?

Je sentais qu’il fallait que je change des choses. J’avais le sentiment de stagner, sur tous les plans, et ce, depuis deux trois ans. Je n’étais pas satisfait de cette situation. Je ne me sentais pas très bien. Je pensais pouvoir faire mieux. Je peux m’améliorer, mais je ne peux pas me virer (sourire) alors j’ai décidé de changer toute mon équipe. Ce sont les principales raisons qui m’ont poussé à ce changement. Avec Ivan Ljubicic (son agent et mentor), Riccardo Piatti (son principal entraîneur) et Kristijan Schneider (son autre entraîneur), nous formons une bonne équipe et nous travaillons très bien ensemble. Aujourd’hui, avec le recul, je peux dire que je suis très heureux de mon équipe de ma saison 2018 et que ce fut une prise de décision intelligente.

Êtes-vous désormais un peu plus positif avec vous-même?

Oui définitivement. En grandissant, parfois, il y a ces fameux déclics. Il y a quelques mois, j’ai eu une bonne discussion avec Riccardo et avec toute mon équipe. Ils m’ont dit que je ne pouvais plus avoir en match des hauts et des bas comme c’était le cas auparavant. Ce n’est pas du tout bon. J’ai alors décidé que j’avais besoin, durant un match, d’accepter certaines choses. Que même si je joue mal, je peux croire en mes chances de victoire. J’ai progressé sur ce plan-là.

 «Cela fait depuis un moment que nous courrons après le Saladier d’argent»

Vous êtes fan de boxe, utilisez-vous ce sport pour vos entraînements de tennis ?

C’est vrai que j’apprécie cette discipline, mais je ne pratique plus beaucoup ce sport par manque de temps, mais aussi pour prendre un plus soin de mes bras et de mes coudes. Mais j’apprécie toujours ce sport et je le regarde de temps en temps à la télévision.

Votre saison n’est pas terminée, il reste la finale de la Coupe Davis, face à la France au stade Pierre-Mauroy. Comment abordez-vous cette finale?

Je vais essayer d’aborder cet événement avec un état d’esprit très positif. Évidemment, c’est un grand moment. La Coupe Davis est importante, aussi, en Croatie. Cela fait depuis un moment que nous courrons après le Saladier d’argent (ndlr : vainqueur en 2005 pour la dernière fois et finaliste en 2016). C’est une évidence que nous cherchons à nous imposer cette année. Blessé, j’avais raté la finale de 2016. À titre personnel, ces dernières semaines ont été très chargées. Je n’ai pas eu beaucoup de jours de repos. En réalité jamais plus de deux consécutifs. Au Masters de Londres (où il était joueur remplaçant), j’ai fait énormément de physique, c’était déjà prévu dans mon planning. J’espère pouvoir bien jouer sur cette terre battue, qui est ma surface préférée, et où j’ai bien joué l’an dernier (titré à l’ATP 250 de Marrakech) et cette année, dans ce grand stade que je vais découvrir.

En demi-finale, après votre victoire face à Frances Tiafoe, en Croatie, vous aviez déclaré : «  Jusqu’à présent, c’est le moment le plus spécial de toute ma vie ». Pour vous que représente la Coupe Davis?

Représenter son pays, à domicile, avec le soutien du public, c’est très spécial. Après cette victoire, j’ai ressenti des sensations que je n’avais jamais eues auparavant. Avoir ce soutien du public, honnêtement, c’était incroyable. Pouvoir apporter du plaisir, c’est aussi ce que permet la Coupe Davis. J’étais très heureux d’apporter, après un match accroché, le point de la qualification pour la finale, dans une telle ambiance. La Coupe Davis, est spéciale et elle procure des moments très spéciaux.

L’an prochain, le format de la Coupe Davis sera différent de celui de cette année. Que pensez-vous de ce nouveau format?

C’est sûr que cela va être différent… Évidemment, cette compétition avait besoin d’évoluer. Les choses doivent bouger. Avec ce nouveau format, les joueurs auront certainement un peu plus de temps pour l’entraînement et pour se reposer, ce qui est une bonne chose. Néanmoins, la date du mois de novembre (pour la phase finale) reste délicate. La saison est longue. Elle est dure. Avec cette date, l’intersaison reste, toujours, très courte. Pour moi, il serait bon que cette finale se dispute un peu plus tôt.

L’an dernier, après avoir battu Andy Murray au Masters 1000 de Madrid, vous aviez déclaré : « Jouer au tennis pour atteindre le Top 20 n’a jamais été, pour moi, un but. C’est inutile de pratiquer un sport si ce n’est pas pour devenir n°1 mondial ». Aujourd’hui, diriez-vous la même chose ?

Lorsque je regarde maintenant les objectifs que je m’étais fixés pour cette saison, ils ont été atteints. J’ai débuté l’année à la 48e place mondiale et je la termine à la 12e. 2018 reste la plus belle saison de ma jeune carrière. Dans quelques jours, il sera temps de penser à l’an prochain et à se refixer des objectifs. La place de n°1 mondial, j’y pense toujours et elle reste un objectif, pas le principal, mais toujours l’un de mes objectifs. Elle viendra si j’arrive à maintenir un très bon niveau de tennis et à bien jouer lors des grands rendez-vous, et ce, de manière régulière. C’est une tâche très difficile. Mais je crois en moi (ndlr : il a tatoué sur son biceps droit « il n’y a rien de pire dans la vie que d’être ordinaire.») et je vais tenter de réaliser cela l’an prochain.

Propos recueillis par E-A