David Goffin : «Chaque chose en son temps»

David Goffin : «Chaque chose en son temps»

21 mai 2018 Non Par SoTennis

Après une sensationnelle fin de saison 2017, David Goffin a encore une fois été coupé dans son élan. Blessé à l’œil gauche, en plein match en février dernier, le Belge a dû à nouveau s’employer pour retrouver, au plus vite, son niveau. Avec la sincérité et la placidité qui le caractérisent, l’actuel n°9 mondial a confié ses états d’âme et son plaisir retrouvé, des matches accrochés.

 

La fin de saison dernière a été très belle pour vous avec notamment deux titres, une finale au Masters de Londres, où vous battez Roger Federer en demi-finale, une finale en Coupe Davis, où vous avez gagné vos deux matches. Cette réussite, vous a-t-elle apporté quelque chose de plus dans votre jeu, dans votre confiance ?
Je pense qu’au fil des saisons, j’ai acquis plus confiance en moi. J’ai su saisir également les opportunités que j’ai pu avoir, notamment au Masters, pour me retrouver en finale. En Coupe Davis, nous n’avions rien à perdre. Quelque part, nous avions peut-être le rôle le plus facile lors de cette rencontre, et cela c’était bien dérouler pour moi. Depuis le début de la saison sur terre battue, j’ai retrouvé la forme. J’espère pouvoir continuer à progresser, on verra bien ce que je peux faire. Les résultats seront les conséquences de ce que j’obtiens sur le terrain, de mon évolution et de mon attitude chaque jour.

 

En février dernier, lors du tournoi de Rotterdam, vous vous êtes blessé à l’œil. Comment s’est passé ce, nouveau, coup d’arrêt ?
Pendant quelques semaines, ma vision n’était pas bonne. Je ne pouvais pas jouer.  J’ai eu de la rééducation au niveau oculaire. J’ai même dû porter, durant deux à trois semaines, une lentille spéciale, que je ne porte plus actuellement. Désormais, cet œil touché va bien mieux tout comme ma vision. Je pense que tout cela est derrière moi.

  

Entre une blessure à la cheville l’an dernier à Roland-Garros, où vous êtes pris le pied dans une bâche du court Suzanne-Lenglen, et une blessure à l’œil cette année à Rotterdam, vous êtes souvent coupé dans votre élan… 
Ce qui est dur, c’est de retrouver la confiance et enchaîner les matches. J’ai toujours eu besoin de beaucoup de matches pour retrouver ma spontanéité dans mon jeu, mon relâchement. Ce n’est jamais facile lorsqu’on est bien d’avoir à chaque fois un coup d’arrêt. Il y a la blessure certes, mais aussi et surtout les doutes qui sont présents au moment de revenir. On met une énergie folle pour essayer de revenir à son meilleur niveau. C’est ça qui est usant. Finalement, à chaque fois, j’essaie avec mon expérience de le prendre le mieux possible et de revenir le plus vite possible.

 

Savez-vous que ce court Suzanne-Lenglen a connu quelques modifications, notamment sur le court ?
C’est vrai ? Non, je ne le savais pas. De toute façon, j’en veux à personne. Cela arrive. La bâche, je crois était à neuf mètres derrière la ligne de fond. Quelque part, je dois en vouloir à mes jambes (sourire). Car avec la rapidité de mes jambes, j’ai pu aller chercher une balle aussi loin… Je n’y pense plus du tout à cet accident. Cette année, je n’aurais pas d’appréhension à rejouer sur ce court.

 

« Cela m’a fait du bien, des bagarres comme cela que j’arrive à retourner et à remporter »

Comment avez-vous préparé cette saison sur terre battue ? 
Avec ma blessure à l’œil, je n’ai pas pu jouer, pendant quelques jours, alors avant le tournoi de Miami, j’ai décidé de faire un bloc un peu plus physique. J’avais décidé d’aller à Miami pour faire un test, mais clairement ça n’allait pas. De nouveau, en revenant de Miami, j’ai de nouveau fait un peu plus de physique, pour préparer entièrement la saison sur terre battue. Mon œil allait beaucoup mieux, j’ai donc pu reprendre à fond l’entraînement sur terre. Cette préparation s’est très bien déroulée. Physiquement, je me sens très bien.

  

Lors du récent tournoi ATP de Barcelone, vous avez croisé la route de Rafael Nadal, que vous aviez déjà affronté l’an dernier à Monte-Carlo. Cette fois, comment vous étiez-vous préparé à le jouer ? 
L’affronter sur terre battue est très compliqué. Il faut tenir, tenir. Vous devez prendre tous les points qui sont des batailles, car il ne donne rien. Réussir à faire cela tout au long d’un match, c’est dur. Surtout sur terre battue. De toute façon, face à lui, sur cette surface, vous vous devez de tenter des choses, car si vous jouez dans la même filière de jeu que lui, il est le meilleur dans ce registre. Il est très fort. C’est impossible à faire la même chose, surtout avec mon gabarit. Face à lui, je dois jouer mon jeu, prendre la balle tôt, faire des points avec mon revers et trouver des réponses tactiques. C’est ce que j’avais fait durant un set à Barcelone. Bien sûr, réaliser tout cela sur dur est plus simple, mais sur terre, il faut essayer malgré tout.

 

Au cours de cette saison sur terre battue, vous avez remporté des matches très accrochés. Êtes-vous désormais rassuré sur votre état de forme ? 
Cela m’a fait du bien, des bagarres comme cela que j’arrive à retourner et à remporter. Ce sont surtout beaucoup de temps de jeu. C’est du plaisir et de la confiance qui s’accumule.

 

Quelles sont vos ambitions pour ce Roland-Garros ?
Les tournois sur terre battue que j’ai disputés ont été positifs. Le but est toujours d’arriver avec le plus de matches dans les jambes. La forme revient. J’ai senti au fur et à mesure que la forme était revenue, ça aussi, c’est très positif. J’arriverai là-bas sans pression, en prenant les matches les uns après les autres. Chaque chose en son temps.

 

« Ce projet de réforme n’est pas du tout bon non plus »

Vous êtes très attaché à la Coupe Davis. Comment avez-vous accueilli cette proposition, en l’état actuel, de réforme de la Coupe Davis ?
Je sais qu’il y a un engouement énorme en France pour la Coupe Davis que ce soit pour les rencontres à domicile ou à l’extérieur. Pour nous en Belgique, c’est différent. Nous sommes un plus petit pays. Avec un seul tournoi ATP (circuit principal), à Anvers, nous jouons nettement moins en Belgique. Avec la Coupe Davis, nous avions la chance de pouvoir jouer à domicile face à nos suppoteurs. Il est vrai que cette Coupe Davis prend beaucoup d’énergie. Pas seulement durant la semaine de la rencontre, mais aussi celle avant et après. C’est dur de caler cela dans un programme pour des Top 20.

 

Qu’en pensez-vous de ce projet de réforme de la Coupe Davis ?
Je ne pense pas que le projet proposé soit une bonne solution. Il est certain que la formule actuelle n’est plus bonne, car la plupart du temps, les meilleurs ne jouent pas en Coupe Davis. Malgré tout, ce projet de réforme n’est pas du tout bon non plus. Ce n’est pas à moi de pondre une solution, il y a des gens qui sont assez payés pour ça. C’est à eux de trouver une bonne formule, une bonne date afin de retrouver une grande compétition qu’est la Coupe Davis.

Propos recueillis par E-A à Barcelone.