
Coco Gauff : «Je n’oublierai pas ce moment»
7 juin 2025Coco Gauff remporte le tournoi de Roland-Garros, son deuxième titre du Grand Chelem. Samedi, en finale, l’Américaine, 21 ans, n°2 mondial, a battu en trois sets (6-7 [5], 6-2, 6-4) la n°1 mondiale Aryna Sabalenka.
Que ressentez-vous après ce deuxième titre du Grand Chelem, le premier à Roland-Garros ?
Il y a plus de monde que la dernière fois, je me demande pourquoi (sourire). C’était hyper dur ! Quand je suis entrée sur le court, j’ai senti le vent – je m’étais échauffée sous le toit – donc je me suis dit que ça allait être une journée compliquée. Je savais que ça se jouerait au niveau de la volonté et du mental. Ça s’est joué à quelques points, mais je suis vraiment contente de m’être autant accrochée. Ce n’était pas joli, mais j’ai fait le boulot, c’est tout ce qui compte. Les conditions étaient vraiment difficiles, surtout du fond du court. D’un côté du court, c’était très dur de faire avancer la balle, de l’autre de la contrôler. Ça ressemblait à ce que j’ai vécu au premier tour. Donc je savais à quoi m’attendre. Je ne savais pas si le toit serait ouvert ou fermé jusqu’à 30 ou 40 minutes du match. Après avoir joué mes deux derniers matches sous le toit, c’était une expérience très différente.
Comment avez-vous vécu ce triomphe en Grand Chelem par rapport à votre premier, à l’US Open, en 2023 ?
Il y avait plus d’émotions après le premier, mais celui-ci était plus dur. Quand tu en gagnes un, tu n’as pas envie de t’en satisfaire. Je voulais le gagner parce que quand j’étais jeune, c’était un de ceux dont je me sentais la plus capable de gagner. Je me disais que si je terminais ma carrière sans l’avoir gagné au moins une fois, j’aurais des regrets.
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— So Tennis (@sotennis1) June 7, 2025
Vous avez évoqué les pensées noires que vous avez eues, notamment après votre finale perdue ici en 2022. Pouvez-vous en parler ?
Je me suis souvenue de la cérémonie après la victoire d’Iga (Swiatek). Je voulais vivre ça à mon tour. Je me souviens l’avoir regardée attentivement être émue au moment où l’hymne polonais avait retenti pendant la cérémonie. J’ai repensé à tout ça quand l’hymne américain a retenti tout à l’heure. Ça avait été une période difficile, je doutais de moi et de ma capacité à y arriver un jour. Ma façon d’aborder ce match n’avait pas été bonne, je pleurais avant le match, j’étais hyper nerveuse, je n’arrivais pas à respirer. Je me demandais si j’allais être capable de mieux aborder la prochaine finale. Et puis il y a eu l’US Open. Et là je me sentais vraiment prête. Prête à tout donner et, quel que soit le résultat, à terminer le match fière.
Vous étiez menée 4-1, 40-0, double break contre vous au premier set. Comment avez-vous inversé la tendance ?
Mon timing était vraiment mauvais au début. J’avais déjà eu un double break de retard contre Madison Keys (ndlr :en quarts de finale), j’ai repensé à ce match et je me disais que je pouvais utiliser cette expérience. Ça m’a aidée. Après le premier set, j’étais déçue, j’avais eu des occasions au tie-break. J’ai essayé d’être plus agressive au deuxième set, ce qui a fonctionné. Elle a élevé son niveau ensuite. J’ai beaucoup couru. Avec le vent, je me disais que c’était important de remettre le maximum de balles dans le court. La balle bougeait tellement. Il y a des coups que d’habitude je maîtrise totalement que je ne pouvais pas frapper correctement aujourd’hui (samedi). Avec les conditions, ce n’était pas un jour pour jouer du grand tennis. Je ne suis pas sûre que beaucoup auraient pu produire du bon tennis.
Comment est-il comment ce trophée ?
Il est lourd ! Je me demande lequel est le plus lourd entre celui-là et celui de l’US Open. Ils se ressemblent d’ailleurs. C’est génial de le soulever. On se sent bien sur le podium sur le court, tu as l’impression d’être au sommet du monde ! Je n’oublierai pas ce moment.
Aryna Sabalenka a dit en conférence de presse que si Iga Swiatek l’avait battue en demi-finales, elle aurait sans doute gagné la finale ce samedi. Qu’en pensez-vous ?
Je ne suis pas d’accord avec ça. C’est moi qui suis assise ici (sourire). La dernière fois que j’ai joué contre Iga, j’ai gagné en deux sets donc… Je ne crois pas que ce soit une chose juste à dire. Tout peut arriver. Vu comment Aryna jouait ces dernières semaines, elle était la favorite. Elle est numéro 1 mondiale, c’était la meilleure joueuse que je pouvais affronter. Ça aurait été très dur contre Iga aussi, mais peu importe qui j’aurais dû affronter, j’aurais eu ma chance et j’avais cette croyance profonde. Pour être honnête, je voulais jouer contre Iga parce que je trouvais qu’Aryna jouait vraiment très bien. En tout cas, me voilà ici aujourd’hui.
Que cela représente-t-il pour vous en tant qu’Américaine ?
Il se passe beaucoup de choses dans notre pays en ce moment avec… Tout, vous le savez (sourire). Représenter les gens qui me ressemblent dans notre pays, qui ne se sentent pas forcément soutenus en ce moment, être une source d’espoir pour ces gens… Après l’élection, ç’a été une période difficile. Ma mère m’a dit : “Essaie de gagner pour donner une raison aux gens de sourire”. C’est à ça que je pensais quand j’ai soulevé le trophée. Je suis patriotique, je suis fière d’être Américaine et de représenter les Américains qui me ressemblent et les gens qui soutiennent les causes que je soutiens.
Propos recueillis par E-A à Roland-Garros
Photo ©Corinne Dubreuil / FFT