Fabien Reboul : «J’étais vraiment content et fier»
5 juillet 2024Vainqueurs, jeudi, de la paire Kyle Edmund / Oliver Crawford en deux sets (7-5, 7-6) Fabien Reboul et Sadio Doumbia, têtes de série n°16, se sont qualifiés pour le deuxième tour de Wimbledon. Après leur victoire, les Frenchies ont évoqué, avec authenticité, pour So Tennis leur forme et les sujets du moment.
Quelles sont vos impressions après cette victoire au premier tour de Wimbledon, dans des conditions ensoleillées et venteuses ?
Sadio Doumbia : « C’était dur, nous n’avons pas eu trop d’occasions de prendre leur service, mais on le prend à la fin du premier set. Au second set, nous avons eu deux occasions, mais nous ne sommes pas arrivés à le faire, mais c’est quand même positif, car on a tenu notre service. Le match était difficile, tout comme les conditions. Mais nous sommes très contents de gagner en deux sets. »
Côté double Messieurs, sur le court 11, les Frenchies Sadio Doumbia / @ReboulFabien, têtes de série n°16, battent la paire Crawford / Edmund 7-6 7-6 et se qualifient pour le 2e tour. #Wimbledon2024 pic.twitter.com/chpsvTICGM
— So Tennis (@sotennis1) July 4, 2024
Fabien, nous vous avions quitté à Roland-Garros, où vous étiez blessé. Comment cela s’est passé entre ce moment-là et aujourd’hui où vous semblez en pleine forme ?
Fabien Reboul : « Après Roland, il y a eu quelques jours où c’était un peu douloureux. Le lendemain du match, j’ai eu pas mal de douleurs. Après cela, j’ai refait des examens. Au niveau du dos, j’ai eu une infiltration, j’ai pris cinq six jours de repos. Je fais beaucoup d’exercice physique, de renforcement pour protéger le dos et je n’ai plus aucune douleur, depuis l’infiltration, cela s’est bien passé et on croise les doigts pour que cela continue. »
Ici, à Wimbledon, vous êtes têtes de série n°16. À présent, comment gérez-vous ce statut ?
Sadio Doumbia : « Honnêtement, nous n’y pensons pas trop. Là, le but était de passer le premier tour. Car cette année, on a fait 1er tour à l’Open ‘Australie, la même chose à Roland-Garros et l’an dernier, nous avions fait aussi 1er tour à l’US Open. En ayant les résultats qu’on arrivé d’obtenir au cours de la saison, où on est quand même très réguliers, de faire quatre 1ers tours de suite en Grand Chelem, cela aurait été dur. En Grand Chelem, nous voulons performer, donc nous sommes très contents d’être au deuxième tour. »
Qu’est-ce que cela vous fait de disputer, à présent, régulièrement, ces Grands Chelems ce qui n’était pas le cas lorsque, sans vouloir vous manquer de respect, vous galériez en simple ?
Fabien Reboul : « Moi qui suis compétiteur, j’ai toujours voulu gagner plus de matches que d’en perdre. En simple, j’étais arrivé à un moment où je perdais beaucoup de matchs, le niveau était très relevé, je sentais que pendant ce moment-là, je n’avais pas un assez bon niveau pour gagner des matchs d’affilée. Je l’ai vite retrouvé en double. Disputer des tournois comme cela, c’est génial. Nous commençons à les connaître. C’est la troisième année que nous les disputons tous (ces Grands Chelems). On se sent comme « à la maison ». Les premières fois, c’est très dur, parce que c’est quelque chose de très grand. Là, on se sent vraiment bien dans ces tournois et c’est génial de jouer ici. »
Fabien, vous allez disputer le double Messieurs lors des Jeux olympiques de Paris. À Roland-Garros, nous avions pu évoquer le sujet, mais rien n’était officiel. Désormais, c’est le cas, pouvez-vous nous dire comment s’est passé cette sélection ?
Fabien Reboul : « Nous étions toujours tous un peu en contact. Il y avait une panoplie de cinq, six joueurs qui étaient sur la liste plausible des joueurs de double (pour disputer ces JO). Tout le monde savait ce qui pouvait se passer. Cela dépendait des derniers résultats à Roland-Garros. J’étais en contact avec la Fédération française de tennis, qui venait voir nos matchs, il y a eu beaucoup de discussions, jusqu’à que cela soit vraiment officiel. À la fin, c’était aussi la décision de la Fédération par rapport au classement et le cut. »
Désormais c’est officiel, qu’est-ce que cela vous fait de disputer les Jeux olympiques à Paris ?
Fabien Reboul : « J’étais vraiment content et fier. Lorsqu’on a commencé, avec Sadio Doumbia, il y a quatre ans le double, c’était un objectif qui paraissait très loin. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à y aller tous les deux. Édouard est un super gars, il joue très bien, il a beaucoup d’expérience, donc je pense qu’il va pas mal m’aider sur le terrain. Cela va être vraiment bien de jouer avec lui. »
Ces JO vont vite arriver, prévoyez-vous avec Édouard de jouer ensemble, de vous entraîner ensemble, afin d’avoir quelques automatismes ?
Fabien Reboul : « Lorsque Wimbledon sera terminé pour nous, on va jouer les prochaines semaines ensemble sur terre battue. Peut-être à Bastad ou Hambourg, cela dépend des liste qui sortent vendredi. On essayer de rester trois semaines ensemble, avant le match des JO. Nous nous connaissons très bien, donc pour les automatismes, je pense que cela va aller très vite.
Sadio, comment vivez-vous cette situation, ce voir votre partenaire disputer ces JO, sans vous ?
Sadio Doumbia : « Je suis content pour lui et je pense qu’ils ont une vraie chance de médaille. En-tout-cas, moi, j’y crois. À ce moment-là (des Jeux olympiques) je vais probablement disputer des tournois aux États-Unis, mais je serai devant ma télé pour les regarder jouer et les soutenir.»
Fabien, la cérémonie d’ouverture de ces JO se déroulera la veille du début du tournoi olympique. Comptez-vous participer à cette cérémonie annoncée sur la Seine ?
Fabien Reboul : « Nous en avons discuté. Cela va dépendre de l’horaire de notre premier match (ndlr : le tirage au sort du tournoi olympique aura lieu le 25 juillet 2024), du tableau, si nous jouons des joueurs de simple, de double. Cela va dépendre de pas mal de paramètres. Mais c’est quelque chose d’incroyable à vivre, sans se coucher trop tard, je pense qu’on va essayer d’aller faire un tour. D’être relax et de profiter du moment. En tous les cas, avec l’adrénaline, le fait que cela soit à Paris, à Roland-Garros, j’en suis sûr, on aura beaucoup d’énergie sur le court. »
Vous êtes licenciés au Stade Toulousain tennis, qui a été placé en liquidation judiciaire le 28 mai dernier, puis qui a fermé ses portes le 30 mai 2024. Comment avez-vous vécu cette situation ?
Sadio Doumbia : « Dans ce club, nous connaissons tout le monde. Fabien est sans doute plus touché parce qu’il a sa mère, son père et son oncle qui sont profs de tennis au club depuis 30, 35 ans. Cela nous a touchés. Nous étions assez surpris. On aurait pu, peut-être s’y attendre, vu que nous n’avons pas été payés depuis un an et demi au niveau des interclubs. Cela ne nous a pas attristés tant que ça, c’est plus le fait de fermer le club. C’est quand même fort de fermer un club de tennis aussi connu, aussi réputé que le Stade Toulousain tennis (ndlr : avec 1 100 licenciés tennis). Cela nous a faits un peu mal. Mais bon, nous avons bon espoir que cela puisse rouvrir avant la rentrée en septembre. C’est l’objectif, et nous espérons qu’ils vont parvenir à cela pour que les licenciés puissent reprendre l’année 2024/2025 comme si de rien n’était. »
L’ATP expérimente de nouvelles règles de double avec notamment des tableaux de 32 équipes, qui réserveront jusqu’à 16 places pour des équipes dont les joueurs entreront grâce à leur classement en simple, condensés sur cinq jours. Comment avez-vous accueilli ces annonces ?
Sadio Doumbia : « Nous sommes contents qu’ils expérimentent. Nous trouvons qu’il y a un travail qui peut être fait pour promouvoir davantage le double. De faire en sorte qu’il y ait le plus d’attractivité que cela soit pour les fans ou pour les joueurs à jouer le double, cela nous intéresse. Après, ce qui est un peu gênant, c’est que l’on réserve plus de place aux joueurs de simple qu’aux joueurs de double. Ça ne nous paraît pas si juste que cela. Que les Top joueurs de simple puissent rentrer, que le Top 10 ou le Top 15, oui, parce qu’ils sont hyper attractifs pour le sport. Mais qu’un joueur 90e ou 100e en simple passe devant un joueur de double qui est 30e ou 40e au classement nous avons plus de mal à comprendre la démarche économique et de l’ATP. Nous ne voyons pas en quoi cela va vraiment pousser les gens à les regarder le double. C’est vrai que nous accueillons certaines de ces règles d’un point de vue favorable, mais il y a des règles que nous ne comprenons pas ! »
Savez-vous si les joueurs ont été consultés ?
Fabien Reboul: « Au final, je pense que c’est l’ATP qui décide de cela. Il y a bien des joueurs qui sont au conseil des joueurs. Eux, ils ont les infos du conseil et ils nous les transfert. Mais l’avis de Doumbia et Reboul, il n’est pas pris en compte dans les discussions. Ce sont vraiment eux (l’ATP) qui ont un objectif que nous ne connaissons pas. À moins que comme l’a dit Sadio, que l’objectif est de plus faire rentrer de joueurs de simple (dans les tableaux du double) cela nous paraît un peu bizarre, parce qu’un joueur 90e en simple, ne va pas rapporter plus de personnes dans les tribunes. Nous, nous apprenons tout au dernier moment. Nous n’avons pas beaucoup plus d’informations que vous.
Propos recueillis par E-A à Wimbledon
Photo© Loic Wacziak / FFT