Génération CNE

15 avril 2014 Non Par SoTennis


©SoTennis

Il garantit aux espoirs français les meilleures conditions d’entraînement. Situé au sein même du stade Roland Garros, le Centre National d’Entraînement a vu passer depuis près de 30 ans, pléthore de joueuses et joueurs, qui ont tous pu progresser, avec comme objectif, accéder au haut niveau.
Le bâtiment signé par Claude Girardet et Jean Lovera, abrite notamment des chambres pour les pensionnaires, une salle de musculation, un espace de détente et de récupération, ainsi que cinq courts couverts.
Lionel Faugère, responsable du CNE, évoque pour So Tennis, ses missions, et la qualité de la formation Made in France.

Pouvez-vous nous présenter les principales missions du CNE?
Le CNE a deux principales missions, d’une part la formation de nos meilleurs espoirs en offrant à nos meilleurs champions actuels les meilleures conditions d’entraînement, d’autre part la formation d’enseignant de tennis et d’entraîneur de haut niveau ainsi que celle de préparateur physique fédéral.

Combien de pensionnaires occupent actuellement le CNE?
Actuellement nous avons 7 pensionnaires. Selon les moments ce nombre est très fluctuant. L’an dernier à titre de comparaison, nous en avions 17. Le centre national d’entraînement est équipé pour pouvoir accueillir environ 14 pensionnaires, en plus des stagiaires que nous pouvons recevoir afin qu’ils puissent s’entraîner avec nos meilleurs espoirs, sur une période plus courte. Il y a donc d’une part une activité avec des pensionnaires, d’autre part une activité avec des externes qui sont des joueurs professionnels qui viennent s’entraîner sur place, puis des stagiaires qui viennent ponctuellement au CNE.

Sur quel critère s’appuie la Fédération Française de Tennis pour recevoir ces pensionnaires?
Principalement sur les résultats. Les joueurs présents ici sont en général des joueurs ayant déjà obtenus de très bons résultats chez les juniors. Soit ils sortent de l’INSEP où les joueurs âgés entre 16 et 18 ans s’entraînent. Après cette étape, lorsqu’il nous paraît que ces joueurs méritent de venir ici et de tenter une carrière professionnelle, nous les accueillons au CNE. Cela peut être aussi des joueurs qui jusqu’à leur majorité ont décidé de se concentrer sur leurs études… mais qui ont le souhait d’accéder au haut niveau, et font appel à nous.

Salle de musculation du cne. ©SoTennis

Tous les joueurs français peuvent-ils s’entraîner à Roland Garros et au CNE?
Pour être un ayant droit en tant que joueur, il est nécessaire d’être en première série. Il y a un ordre de priorité parmi ces joueurs, entre ceux jouant sur le circuit international, les 100 premiers mondiaux… puis sur nos joueuses de Fed Cup et nos joueurs de Coupe Davis. Les joueurs de promotion peuvent également avoir accès au CNE, selon les disponibilités. En revanche en période d’intense activité, cet accueil est limité à des créneaux horaires restreints.

Les joueuses et joueurs pourront se préparer et s’entraîner dans de meilleures conditions»

Combien y a-t-il d’entraîneurs et de préparateurs physiques pour encadrer les joueuses et joueurs?
Ce nombre est très variable selon les effectifs. Nous avons actuellement deux entraîneurs pour les filles ainsi qu’un préparateur physique. Pour les garçons dont le nombre de pensionnaires est un peu plus important, nous avons trois préparateurs physiques pour les encadrer, ainsi que six entraîneurs dont deux dédiés à des joueurs pensionnaires au sein même du CNE, puis quatre autres qui entraînent des joueurs dont certains sont internes comme par exemple Albano Olivetti et d’autres externes comme Adrian Mannarino qui est externe. De ce fait on peut avoir un pensionnaire (interne) associé dans un groupe à un joueur qui ne l’est pas.

Les programmes d’entraînement sont-ils personnalisés?
Totalement. Nous essayons d’avoir des groupes dans lesquels les joueurs ont des niveaux relativement proches, mais ce n’est pas toujours possible. Par exemple récemment lors du tournoi de Montpellier Albano Olivetti qui est actuellement aux alentours de la 168e place mondiale a pu partager l’entraînement avec Adrian Mannarino. De la même manière il est arrivé d’intégrer en septembre deux joueurs de même niveau, et se retrouver 6 mois plus tard avec l’un d’entre eux ayant énormément progressé au classement atp, et l’autre stagné. Dans ce cas, ce binôme n’est pas forcement gérable par le même entraîneur. C’est pourquoi nous arrivons à trouver des solutions de passerelle afin que le joueur ne soit pas livré à lui-même.

D’ici quelques mois, le CNE s’apprête à déménager (dans le cadre du projet de modernisation et d’extension du stade Roland Garros), en termes d’installations allez-vous avoir plus de place et d’espace pour accueillir plus de pensionnaires?
Nous allons probablement récupérer le nombre de lits et même un peu plus, de ce que nous avions à l’ouverture du CNE en 1986. Une partie des chambres qui existaient à l’origine ont disparu progressivement, pour faire place à des bureaux. Ce futur centre d’entraînement national va nous permettre dans un premier temps, d’avoir une meilleure capacité d’accueil, d’organiser des stages d’entraînement de plus grande dimension. Au-delà de la capacité d’accueil, le nombre de courts sera également plus important, avec 7 terrains couverts en dur contre cinq aujourd’hui, plus 4 en extérieur, alors que nous n’en avons plus actuellement à Roland Garros. Tout au long de l’année l’activité du CNE est sinusoïdale, avec ces nouvelles infrastructures, en période de forte activité, les joueuses et joueurs pourront se préparer et s’entraîner dans de meilleures conditions.

Chambre au cne ©SoTennis

Pendant la durée du tournoi de Roland Garros, l’organisation du CNE est-elle modifiée?
Il y a quelques bouleversements dans son fonctionnement. Le premier réside dans le fait que nous ne disposons plus pendant la durée du tournoi des courts couverts, car ils servent pendant l’événement à accueillir le RG Lab. Un des deux courts couverts en terre battue est aussi « réquisitionné » par l’organisation du tournoi. Il est de ce fait évident qu’en cas de pluie nous n’avons plus de possibilité de replis sur ces couverts.
Nos pensionnaires sont invités pendant le tournoi à s’entraîner à l’extérieur du site de Roland Garros, et profiter par exemple des installations du Paris Jean Bouin et d’autres clubs qui nous allouent des heures durant cette période. Au niveau de l’hébergement les pensionnaires (internes) maintiennent leurs chambres, même si nous accueillons aussi dans des chambres libres, des personnes en charge de la maintenance et de la sécurité du stade. Mais au-delà de ça, le tournoi ne bouleverse pas fondamentalement la vie du CNE.

Le plus important c’est que nos jeunes présents ici, puissent être des adultes épanouis»

En tant que responsable du CNE quelles sont vos principales missions?
Elles sont nombreuses, et elles ne s’arrêtent pas à celles du CNE. Je suis avant tout en lien avec les joueurs, mes missions peuvent concerner la restauration des joueurs, l’entretien et la maintenance du bâtiment, en passant par la gestion des joueurs. Je suis l’interface entre les entraîneurs et les différentes personnes pouvant être en contact avec eux, afin de pouvoir organiser des formations, et les prévoir par rapport au calendrier des compétitions.
J’ai également des missions de suivi socioprofessionnel des joueurs, notamment au moment de leur reconversion afin de leur proposer un programme personnalisé. Je suis également le correspondant du haut niveau après du Ministère des Sports. Cette mission consiste à proposer à la validation du Directeur Technique National, les listes du haut niveau, mais aussi rédiger le dossier du parcours de l’excellence sportif, qui est un document à remettre au ministère des sports. Je m’occupe aussi auprès du comité olympique français, de toute la logistique des compétitions que le comité organise, cela va aux jeux olympiques aux épreuves pour les jeunes.

Avant d’occuper vos fonctions actuelles, vous étiez en charge de la détection des joueurs, où vous avez détecté notamment Jo-Wilfried Tsonga. Le voir aujourd’hui évoluer au plus haut niveau est-il un motif de satisfaction pour vous ?
Bien évidemment, mais ma satisfaction est aussi d’avoir pu détecter pratiquement tous les joueurs qui sont arrivés au plus haut niveau durant ces dernières années. J’ai rempli ces fonctions de 1991 à2001. Pour le premier rassemblement que j’ai organisé il y avait des joueurs comme Michaël Llodra, Paul-Henri Mathieu qui avait deux ans d’avance, Olivier Patience ou Jérôme Haehnel… des jeunes qui étaient déjà là, de par leurs résultats dans les compétitions interrégionales qualificatives , mais aussi par le potentiel qu’ils présentaient.. Je garde aussi un souvenir très précis du moment où j’ai vu ces joueurs pour la première fois comme Jo-Wilfried Tsonga au centre de la Pommeraye sur Loire.
Les joueurs talentueux se détachent tout de suite. Le plaisir est présent aussi lorsque ces champions gardent un très bon souvenir du CNE. Mais le plus important c’est que nos jeunes présents ici, puissent être des adultes épanouis.

Retrouvez en vidéo la visite du CNE par Lionel Faugère

Propos recueillis par E-A