Léolia JeanJean, sa seconde chance

Léolia JeanJean, sa seconde chance

22 mai 2022 Non Par SoTennis

Après un sinueux parcours, Léolia Jeanjean s’apprête à disputer son premier tournoi du Grand Chelem. L’ex-enfant prodige des courts qui avait vu sa carrière et ses rêves de championne brisés, par une blessure au genou, revient sur la terre qui l’a vue naître, avec la ferme intention d’écrire, à nouveau, son histoire.

« La première chose à dire sur Léolia, c’est que c’est une jeune femme super-sympa, supercool, on travaille très dur, très sérieusement, mais on arrive à se marrer. Elle met une très bonne atmosphère. C’est un plaisir tous les jours de travailler avec elle, dans la bonne humeur. C’est génial. » Voilà comment Thomas Delgado, d’écrit la joueuse qu’il entraîne. Cette joueuse n’est autre que Léolia Jeanjean. À 26 ans, elle a décidé de reprendre le cours de sa vie. Celle de la championne qu’elle a toujours souhaité devenir. Après avoir été, il y a 15 ans, l’étoile montante du tennis féminin, une blessure au genou était venue éclipser nette les ambitions de la Frenchie. L’adolescente de 14 ans était lâchée par le milieu. Son monde s’écroulait. « J’étais perdue, je ne savais pas quoi faire de ma vie » confiait-elle récemment à l’émission Stade 2. C’est finalement aux États-Unis, en Floride, que Léolia s’était offert un salvateur second souffle. Diplômée en Finance à l’Université de Lynn, elle avait gardé en elle, malgré des entraînements allégeaient, l’envie de se frotter au plus haut niveau et surtout d’écrire son histoire. Après des années sans compétitions, tout en gardant le rythme des matches universitaires, c’est avec la rage au ventre et « le couteau entre les dents » que l’ancienne terreur des courts a débuté une nouvelle carrière. De retour en France, loin des paillettes du circuit WTA, c’est, dans un premier temps, avec un « bas de laine » et son RSA, qu’elle parvient à survivre et à investir pour disputer ses premiers tournois. Stoppée par la pandémie liée au Covid-19, c’est finalement après le premier confinement, en 2020, qu’elle a poursuivi sa remise en forme. Lors de sa reprise en septembre 2020, Léolia Jeanjean était non classée à la WTA. Après avoir sillonné les routes de France et d’Europe pendant un an, plusieurs titres, sur le circuit secondaire, lui ont permis de grimper au classement et d’occuper actuellement le 225e rang mondial. Gagnante de la Race France (ndlr : opération Destination Roland-Garros, organisée par la Fédération française de tennis permet l’attribution de wild-cards au mérite à des joueurs(ses) français(es) pour le tableau principal et les qualifications du tournoi de Roland-Garros), la joueuse du Stade Toulousain est allée chercher sa wild-card pour disputer le tableau principal de Roland-Garros. Au premier tour l’attend la joueuse espagnole Nuria Parrizas Diaz (45e mondiale). Une entrée en lice aux multiples enjeux. « Il y a de la pression comme pour toutes les Françaises et les Français à Roland-Garros, mais elle aborde ce tournoi avec confiance, dixit son entraîneur Thomas Delgado, fondateur de la structure Smash it, au Tennis club de Plaisir dans les Yvelines. Elle a certes une wild-card pour le tableau principal qu’elle mérite, car elle a remporté la Race France, et beaucoup de matches tout au long de l’année. Cette pression, nous l’abordons bien. Les échanges avant ce premier tour tournent autour de la tactique à adopter face à son adversaire. C’est sûr qu’elle va prendre un gros billet pour pouvoir financer tout le reste de sa saison, en tout cas, on l’espère, les deux à venir. Cela va changer des choses. Elle va pouvoir avoir un entraîneur à plein temps, un kinésithérapeute sur quelques semaines. Cela change beaucoup de choses. Maintenant, c’est plutôt le résultat que l’on cherche, plutôt que l’argent. Nous ne sommes pas focalisés sur le prize money. » Samedi, en fin d’après-midi, c’est sur le court n°3 que Léolia a poursuivi sa préparation en compagnie d’Elsa Jacquemot. Sans se départir de son sourire et de sa bonne humeur qui la caractérise, elle aborde ce premier tour en Grand Chelem avec envie. Elle, qui sait que trop bien que « si longue et si noire soit la nuit, il vient toujours une heure où enfin le jour se lève. »

Propos recueillis par EA à Roland-Garros.