L’histoire d’une coupe

L’histoire d’une coupe

27 mai 2021 Non Par SoTennis

Il y a quarante ans, la maison MELLERIO dits MELLER imaginait la coupe des Mousquetaires, que le vainqueur du simple Messieurs du tournoi de Roland-Garros brandi. L’incontournable joaillerie parisienne, située rue de la paix depuis 1815, à l’histoire hors du commun, contribue toujours aujourd’hui à l’élégance et au raffinement des Internationaux de France.

En 1981, Philippe Chatrier, président de la Fédération française de tennis, souhaite redonner une nouvelle allure au trophée du vainqueur du simple Messieurs du tournoi de Roland-Garros. Elle doit symboliser les victoires des quatre héros du tennis français, Jacques Brugnon, Jean Borotra, Henri Cochet et René Lacoste. La FFT lance un appel d’offres aux joailliers de Paris, que la maison MELLERIO dits MELLER remporte. « M Chatrier avait fait réaliser la bague de fiançailles de sa femme à la joaillerie MELLERIO dits MELLIER, explique Diane-Sophie Lanselle, directrice de la communication pour la maison MELLERIO dits MELLER. Cet appel d’offres a été remporté grâce à l’élégance et au raffinement du projet. Une coupe en argent massif, de 14 kilos, à large vasque, soulignée d’une frise en feuille de vigne et ornée de deux anses en forme de cygnes (Ndlr : le trophée est monté sur un socle de marbre portant le nom des vainqueurs depuis la première édition.) Par la suite, nous nous sommes occupés, et c’est toujours le cas, des autres trophées du tournoi, hormis la coupe Suzanne-Lenglen (Ndlr : qui est attribuée à la lauréate du simple Dames depuis 1979), qui existait déjà. Nous avons créé les trophées du double Dames (coupe Simonne-Mathieu créé en 1990), Messieurs (coupe Jacques-Brugnon créé en 1989) et du double mixte (coupe Marcel-Bernard créé en 1990). L’original de la coupe des Mousquetaires date toujours de 1981, elle est brandie au moment de la remise des trophées. Chaque année, nous réalisons sa réplique à 50 % de sa taille originale. C’est avec celle-ci que le vainqueur part. En 2017, à l’occasion de la Décima de Rafael Nadal, pour la première fois, nous avons réalisé, à la demande de la Fédération française de tennis, une seconde coupe des Mousquetaires dans son format d’origine. C’est avec celle-ci que l’Espagnol est reparti. »

Chaque année, les orfèvres consacrent plus d’une centaine d’heures à la réalisation de la réplique de la coupe des Mousquetaires, plus petite que l’originale qui mobilise l’implication de cinq corps de métiers différent. L’Orfèvre Tourneur Repousseur intervient le premier. Il débute par découper et coucher la feuille d’argent jusqu’à obtenir la forme parfaite du dessin. Il façonne ensuite la silhouette de la coupe sur un madrin de bois exotique. Par la suite, le fondeur réalise les anses en forme de cygnes et la frise décorée de feuilles de vigne, en coulant du métal en fusion dans des empreintes. Le ciseleur poursuit, en se concentrant sur les détails. À l’aide d’un minuscule burin, il met en exergue les motifs, les affine et achève chaque pièce. Après vérification, l’Orfèvre les assemble et les soude. Le Polisseur intervient qu’une fois ces étapes achevées, afin de donner à la coupe son aspect brillant. Enfin, le Graveur reporte, après la finale, le nom du vainqueur du tournoi sur le socle de la coupe.

Un trophée d’exception que la Maison Mellerio conçoit depuis quarante ans avec l’excellence et le prestique qui caractérise cette entreprise familiale fondée en… 1613. Une longévité qui lui confère d’être la joaillerie parisienne la plus ancienne entreprise familiale d’Europe qui a vu l’Histoire se mêler à son histoire. « Ce qui est aussi dingue avec la maison MELLERIO dits MELLIER, c’est toujours la petite histoire et la grande histoire. Les deux se mêlent, dixit Diane-Sophie Lanselle. La légende raconte que comme les Meillerio (originaires de Lombardie) étaient ramoneur de cheminée l’été, ils auraient participer à sauver le roi Louis XIII d’un complot, qu’ils auraient surpris lors d’une conversation, qu’ils auraient entendu depuis l’une des cheminées du palais du Louvres, qu’ils étaient en train de ramoner. C’est une tradition orale qui se répète dans la famille depuis des générations. Marie de Médicis leur a accordé un privilège, que le conseil d’état du roi a délivré le 10 octobre 1613, dont nous avons toujours le papier original, qui était une protection royale, pour « services rendus au Royaume de France », leur permettant d’exercer partout comme marchand colporteur (sans se soumettre aux contraintes administratives). Chaque roi de France jusqu’au dernier va réattribuer ce privilège. Par la suite, les Rois de France vont devenir leur client et avec eux la cour, les très grandes familles de la très grande aristocratie. Aujourd’hui, la maison MELLERIO dits MELLIER est présidée par Laure-Isabelle Mellerio, qui est également la directrice artistique, suite au décés de son époux, il y a près de trois ans, avec comme principal souhait de poursuivre l’oeuvre de son mari et de ses ancètres. Leur fils, Côme, est venu depuis se former, afin un jour lui succéder. Il y a toujours eu dans cette famille une résilience incroyable. Aujourd’hui, deux générations sont présentes en même temps, avec comme principal objectif garder en vie la maison pour les générations suivantes. » Et d’offrir à la coupe des Mousquetaires encore de beaux jours devant elle.

E-A