La FFT, bientôt centenaire

La FFT, bientôt centenaire

23 février 2020 Non Par SoTennis

Le 20 octobre prochain, la Fédération française de tennis fêtera ses 100 ans. Nommée jusqu’en 1976, Fédération française de lawn tennis, la FFT reste une association régie par la loi de 1901, titulaire d’une délégation ministérielle. Marie-Christine Peltre, vice-présidente en charge de la culture tennis et du développement durable à la FFT, évoque, entre autres, le programme des festivités imaginées, afin de célébrer ce centenaire.

Le 20 octobre prochain, la Fédération française de tennis fêtera ses 100 ans. Comptez-vous célébrer cet anniversaire et raconter l’Histoire de la FFT ?

Nous nous sommes posés la question de trouver le filon le plus approprié. Nous avons voulu que cela soit un échange. Il y a eu un motion design (animation graphique) de créer, qui raconte l’histoire de notre Fédération, qui est consultable sur le site Internet www.fft.fr (également sur la chaîne Youtube de la FFT). Le logo de la FFT a été également actualisé en y intégrant dans son design l’évocation de ce centenaire. L’idée, c’est que dans chaque ligue, dans chaque comité, on fasse revivre sa propre histoire. Nous avons des clubs (affiliés FFT) qui ont des histoires extraordinaires. Je suis une ancienne prof d’histoire et je suis très attachée à cette notion de racine. Je me dis qu’il n’y a pas de feuilles sans racines. Qu’il est toujours important de voir d’où l’on vient. Il y a des clubs qui redécouvrent leur passé. Pendant un certain temps, les archives ont été mis à mal. Les clubs sont incités à se réinscrire dans la durée. Au siège de la Fédération française de tennis, à Paris, nous avons prévu de réaliser un habillage, sur la façade du bâtiment, sur le principe d’une vitrophanie, mais aussi à Roland-Garros, à l’entrée du restaurant situé sous les courts n°4 et n°5 et sur les comptoirs d’accueil au CNE (centre national d’entraînement). Les comités et ligues qui souhaiteraient avoir cette maquette l’auront à disposition. Nous allons également lancer, à destination des écoles de tennis, un concours, courant avril, sur la thématique « comment voyez-vous votre club dans 100 ans ?» Souvent, lorsqu’on parle d’histoire, du passé, cela a un côté poussiéreux. L’idée est de célébrer cela au moment du Rolex Paris Masters, qui se tient en fin d’année (du 31 octobre au 8 novembre 2020) à quelques jours près de la date anniversaire du 20 octobre. À ce moment-là, il y aura une soirée d’animation où seront conviés, notamment, les dirigeants des clubs centenaires. La difficulté était de ne pas en faire le centenaire du stade Roland-Garros, mais vraiment le centenaire de notre Fédération, de nos clubs, de ce monde associatif qui depuis 100 ans, s’efforce de développer notre sport. Nous travaillons également avec des universitaires sous l’autorité de Patrick Clastres, professeur à la Faculté des sciences sociales et politiques de l’Université de Lausane, qui est la référence du sport français, afin qu’un livre soit prochainement publié. Nous avons demandé à une dizaine d’historiens universitaires de travailler sur l’histoire de notre Fédération. Je voulais absolument que l’on soit en lien avec le monde de l’université, car le sport fait partie intégrante de notre vie sociale.

Le stade Roland-Garros est indissociable de la Fédération française de tennis. Ce centenaire, sera-t-il évoqué lors de la prochaine édition du tournoi ?

La principale festivité va être l’inauguration du toit rétractable du court Philippe-Chatrier. Lorsque nos présidents vont venir, à l’occasion de la journée des présidents, pour la première fois sur le Central, il y aura lors de leur accueil une évocation du centenaire. Malgré tout, nous ne souhaitons pas qu’il y ait une interférence entre les deux événements.

Les revenus générés par le tournoi de Roland-Garros permettent également de faire vivre le tennis français par différentes aides fédérales distribuées aux clubs, aux ligues, aux comités… Cet aspect-là, sera-t-il abordé à l’occasion de ce centenaire de la FFT ?

Nous le rappelons de façon permanente lors de nos assemblées générales. 94 % du budget fédéral dépend de Roland-Garros. Je pense que c’est le seul cas au monde qui est dans ce registre-là. Roland-Garros c’est notre trésor. C’est pour cela qu’il est important de l’entretenir de le valoriser. Quelque part, le lien entre le tennis fédéral et le grand événement qu’est le tournoi de Roland-Garros va se faire naturellement par notre volonté de mettre en place l’idée du stade à l’année. De faire vivre ce stade à l’année, afin qu’il soit le trait d’union avec le tennis de monsieur et madame tout le monde. Nous savons que si nous devions payer les licences pour les mêmes prestations, le prix de la licence serait entre 80 et 100 euros. Nous en sommes actuellement à 29 euros. C’est comme toutes les bonnes choses, elles sont tellement bonnes que cela fait partie aujourd’hui de la normalité. Le président de la FFT, Bernard Giudicelli, et les dirigeants, ne manquent jamais de le rappeler, sans que cela soit trop pesant ou culpabilisant.

Comment comptez-vous faire vivre le stade Roland-Garros en dehors de la période du tournoi ?

Il va y avoir des espaces (supplémentaires) de relations publiques ainsi qu’un, nouvel, espace muséal qui va vivre à l’année. Nous avons fait un appel à candidatures avec les auditions des candidats d’ici un mois. L’idée est de confier cet espace à une société, car, l’accueil muséal, c’est un métier particulier. Avec des visites, pour différents publics ainsi qu’une déambulation dans le stade. J’aimerais également finaliser un partenariat avec le jardin botanique dont le but est de proposer des visites de ce jardin et du stade, notamment pour les enfants. Il faut que tout cela soit ludique. J’ai été prof toute ma vie, il est clair qu’il faut rendre les enfants curieux et pour les rendre curieux, il faut faire appel en eux à cette curiosité. Je crois beaucoup en un tourisme sportif, ce qui n’est pas beaucoup développé en France. Il faut que nous réussissions à créer cette dynamique-là. Il faut que le public s’approprie le stade. Il y a aussi l’idée d’ouvrir le stade à des associations, pour que, hors période de tournoi, les courts annexes puissent être aussi utilisés. La destruction du court n°1 a également permis la création d’une esplanade, le jardin des Mousquetaires, de près d’un hectare, qui va être découvert pour une part en 2020 et achevée en 2021. Durant le reste de l’année, après la fin des travaux, ce jardin des Mousquetaires a pour vocation d’être ouvert au public, sur le modèle d’un square parisien. Il y a là une volonté d’une interpénétration entre la ville et le stade. Nous souhaitons que le stade soit un élément de cette magnifique ville qu’est Paris. Avec Hugues Cavallin, le trésorier général (à la FFT), nous sommes en charge de cette thématique du stade à l’année et nous sommes extrêmement attentifs au fait, qu’entre l’espace muséal, l’ouverture de ce stade au public et à nos licenciés, que ces différents publics viennent à Roland comme si c’était chez eux.

À l’automne dernier, le stade Roland-Garros avait renoué avec sa tradition de louer ses espaces, à l’occasion d’un défilé de mode qui avait été organisé sur le court Simonne-Mathieu. À l’avenir, pensez-vous réitérer cette démarche ?

Tout à fait, tout en étant ponctuel et dans une démarche de valorisation de notre espace. On pense également créer un festival, qui aurait lieu l’été, au sein du stade, de nature haut de gamme pour sublimer l’excellence de notre stade. Il y a des réflexions qui sont en cours, en particulier avec le directeur général de la FFT, Jean-François Vilotte. Il faut que tout cela vive. Cela paraît invraisemblable que cet espace ne vive que quinze jours par an. Ce n’est plus possible dans le monde dans lequel nous vivons.

La FFT TV, une chaîne OTT, doit prendre forme en avril prochain. Que verra-t-on sur cette chaîne ?

L’idée est de relayer sur cette chaîne tout ce qui n’est pas relayé par les grands diffuseurs. Il y aura différentes rubriques, comme par exemple des reportages concernant la vie des clubs, des compétitions (des Challengers ou des Futures se déroulant en France), des débats. On racontera également notre Histoire et celle des clubs, comme celui de Carantec jumelé avec Wimbledon grâce à une extraordinaire histoire. Celle de George Wood, un aviateur britanique qui en 1943, alors qu’il survolait l’aérodrome de Ploujean, son avion a été bombardé par les Allemands. Il avait trouvé alors refuge chez des résistants morlaisiens, avant de rentrer chez lui. Sa fille, Clare Wood, ancienne joueuse professionnelle, est aujourd’hui directrice du club de Wimbledon. Clare Wood et les dirigeants du club de Carantec ont ainsi voulu, par ce jumelage, célébrer cette extraordinaire histoire.

Propos recueillis par E-A